Hausse des prix de l’énergie, fortes dépendances aux énergies fossiles (russes), guerre en Ukraine – La France est confrontée à une crise énergétique inédite. Cette crise énergétique a débuté en 2021, suite à la forte reprise économique mondiale (après la récession liée à la pandémie de Covid-19 de 2020), et a été exacerbée par différents éléments géopolitiques. Les entreprises, qui voient leurs factures d’énergie augmenter depuis des mois, subissent de plein fouet cette crise énergétique. Cette hausse des coûts entrave déjà l’activité de nombreuses industries, les plus consommatrices d’électricité (production d’aluminium, de cuivre, etc.) ou de gaz naturel (production d’engrais par exemple).

OMNEGY revient pour vous sur les origines de cette crise, les conséquences pour l’Europe et la France, ainsi que les mesures mises en place par le gouvernement français pour permettre aux entreprises de faire face à la flambée des prix de l’énergie.

Une crise énergétique mondiale

La crise énergétique que nous vivons actuellement est d’échelle mondiale, toutes les régions du monde sont plus ou moins impactées. Elle découle de plusieurs facteurs ; certains mondiaux, et d’autres spécifiques à des contextes régionaux :

  • La forte hausse de la demande mondiale. Après la baisse d’activité liée à la pandémie de Covid-19 en 2020, la reprise économique mondiale de 2021 a fait grimper les prix des matières premières (gaz, pétrole, charbon). En 2021, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a constaté une augmentation de la demande d’électricité de +6% ou + 1 500 TWh, soit la plus forte augmentation enregistrée depuis 2010. La disponibilité des ressources énergétiques n’ayant pas suivi la même trajectoire, cette hausse historique de la demande énergétique a entraîné une hausse des prix sans précédent.
  • L’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le gaz naturel est devenu un enjeu géopolitique entre l’Union Européenne, la Russie et les États-Unis. Les tensions existantes ont été exacerbées par la guerre en Ukraine, qui a débuté le 24 février 2022. Alors que plusieurs pays européens (Pologne, Bulgarie, etc.) expriment leur soutien à l’Ukraine, la Russie décide de leur couper l’approvisionnement en gaz naturel. La Russie décide également de couper ses exportations d’électricité vers la Finlande (soit 10% de la consommation du pays), suite à l’annonce de sa volonté de rejoindre l’OTAN. Ces différentes décisions de la part de la Russie ont eu un impact important sur les prix de l’énergie dans l’Union Européenne, qui reste très dépendante des hydrocarbures russes.

Pour en savoir plus, retrouvez notre article intitulé : “L’Europe peut-elle se passer de gaz russe ?”

  • Des difficultés régionales spécifiques. Certains pays ont fait face à des événements qui ont aggravé la crise énergétique actuelle. Le Brésil par exemple, qui dépend de l’hydroélectricité pour les deux tiers de son électricité, fait face à la pire sécheresse de son histoire depuis près d’un siècle. Aux Pays-Bas, le plus grand champ de gaz naturel d’Europe (Groningen) arrêtera sa production d’ici mi-2022, ce qui pose la question de son approvisionnement par la suite.

Les cartes des exportations énergétiques ont également été redistribuées, avec la Chine qui a décidé de bloquer la totalité des importations de charbon d’Australie (plus grande source de charbon importé par ce pays) : résultat, les exportations Américaines de gaz naturel ont bondi en 2021, notamment vers la Chine et d’autres pays asiatiques.

Des conséquences désastreuses en Europe

Tous les facteurs de cette crise énergétique ont un impact particulièrement important sur l’Union Européenne. En effet, celle-ci est très dépendante aux hydrocarbures russes : au premier semestre 2021, 48,4% du gaz et 25,4% du pétrole importés dans l’Union Européenne proviennent de la Fédération de Russie. Cette dépendance et le contexte géopolitique ont fait grimper les prix de manière considérable en Europe. Les États-Unis s’en sortent mieux, puisqu’ils bénéficient de prix du gaz relativement bas en raison de leurs sources nationales.

La Russie a entièrement approvisionné tous les contrats à long terme, mais n’a pas fourni de gaz supplémentaire sur le marché au comptant. L’AIE et plusieurs pays accusent la Russie d’avoir volontairement “serré les robinets” pour faire monter les prix et faire pression sur les pays européens. Or il faut tout de même noter que la Russie a une capacité d’exportation de gaz supplémentaire limitée, en raison de sa propre demande intérieure élevée et une production proche de son maximum.

L’Europe pourrait augmenter ses importations de gaz naturel des États-Unis, du Qatar ou encore d’Afrique (Algérie, etc.). Mais face à des importateurs asiatiques parfois prêts à payer plus, les prix du marché risquent de rester élevés.

L’impact de la crise en France

Vous l’avez sans doute ressenti lors de la réception de vos dernières factures d’énergie : la crise énergétique a un impact important sur les consommateurs, ainsi que sur les industriels opérant dans des secteurs friands en énergie. Beaucoup parlent d’une crise sans précédent depuis le choc pétrolier de 1973.

Les tarifs réglementés du gaz ont bondi de 59 % depuis le 1er janvier 2021 pour 5 millions de Français. En septembre 2021 le gouvernement promet un « chèque énergie » exceptionnel de 100 euros, prévu pour décembre 2021. Dans le cadre de ce dispositif, l’État français aura débloqué près de 580 millions € afin d’aider les ménages français en difficulté.

Les entreprises ont également été très affectées par la hausse des prix du gaz et de l’électricité. Face à ces difficultés, le gouvernement français a mis en place un certain nombre de mesures, pour permettre aux entreprises de régler leurs factures d’énergie.

Les mesures d’aide aux entreprises

Le gouvernement a mis en place une première vague de mesures d’aide aux entreprises entre fin 2021 et début 2022, dont votre entreprise bénéficie déjà ou peut bénéficier.

Aides mises en place fin 2021, toujours d’actualité

  • LE TARIF DE LA TICFE BAISSÉ À 0,5€ /MWh

La TICFE (Taxe Intérieur sur la Consommation Final d’Électricité) a été abaissée à son minimum permis par le droit européen de 0.5€/MWh pour tous les consommateurs d’énergie.

Cela représente une baisse allant de :

  • 25.1€/MWh pour les entreprises raccordées en 36kVA ;
  • Jusqu’à 22€/MWh pour ceux raccordés en plus de 250kVA.

Cette baisse concerne toutes les entreprises qui bénéficient d’un taux réduit de taxation en raison de leur caractère électro-intensif. Ce taux est également abaissé à 0.5€/MWh.

Assurez-vous que vos factures portent bien la mention du nouveau taux de taxation applicable, et contactez votre fournisseur si ce n’est pas le cas.

  • LE BOUCLIER TARIFAIRE

Le bouclier tarifaire est actif et assure une hausse plafonnée à 4% début 2022, pour tous les professionnels éligibles aux tarifs réglementés de vente d’électricité (c’est-à-dire ceux de moins de 10 employés et moins de 2 millions d’euros de chiffres d’affaires).

La mise en place de ce bouclier tarifaire est entièrement automatique : vous n’avez aucune démarche à faire pour en bénéficier.

  • AIDES EN FAVEUR DES INVESTISSEMENTS DE DÉCARBONATION

Les entreprises industrielles (de toutes tailles) qui souhaitent s’équiper pour réduire leurs émissions de CO2, ou améliorer leur efficacité énergétique, peuvent s’adresser au guichet de soutien à l’investissement dans l’efficacité énergétique, opéré par l’Agence de services et de paiement (ASP). Les demandes d’aide peuvent être déposées auprès de l’ASP jusqu’au 30 juin 2022. Ce dispositif vise des équipements standards présentant un coût d’investissement inférieur à 3 millions d’euros.

Une avance au titre de l’année 2023 sera versée en 2022 pour les entreprises industrielles électro-intensives bénéficiant des aides au titre de la « compensation carbone ». Cette avance sera à hauteur d’au plus 24% de l’aide attendue l’an prochain. Ce dispositif est mis en place via le guichet annuel géré par l’Agence de Services et de Paiement (ASP).

Les mesures complémentaires, depuis avril 2022

Suite à l’aggravation de la crise énergétique – notamment à cause de la situation internationale – des mesures d’aides complémentaires ont été annoncées par le gouvernement français.

  • HAUSSE DE 20 TWh DU PLAFOND DE L’ARENH 2022

À compter du 1er avril 2022, tous les consommateurs d’énergie peuvent bénéficier d’un relèvement exceptionnel du volume d’électricité vendu à un prix réglementé, représentatif des coûts du parc nucléaire historique. Contactez votre fournisseur afin de vous assurer que votre contrat répercute pleinement le bénéfice de cette mesure. Selon votre profil de consommation et les termes de votre contrat d’énergie, la baisse peut aller jusqu’à 15 à 25€/MWh HT sur votre facture.

“En complément des 100 TWh disponibles pour tout consommateur à 42€/MWh, 20 TWh additionnels seront disponibles, jusqu’au 31 décembre 2022, à un prix de 46.2€/MWh. Ces volumes viennent en déduction des volumes acquis à prix de marché sur votre facture.”

Retrouvez notre article intitulé : “Hausse de 20 TWh du plafond de l’ARENH 2022 : quelles conséquences pour les consommateurs ?”

  • PLAN DE RÉSILIENCE : UN PLAN D’URGENCE

Des soutiens d’urgence ciblés ont été mis en place dans le cadre du plan de résilience présenté par le premier ministre le 16 mars 2022, dans le contexte de l’encadrement temporaire prévu au niveau européen. Cette mesure concerne les entreprises les plus exposées aux hausses des prix (sans condition de taille ou de secteur), dont les dépenses de gaz et d’électricité représentent une part élevée des charges (au moins 3% de leur chiffre d’affaires), et qui deviendraient déficitaires en 2022.

Selon la situation de l’entreprise, l’aide aura les modalités suivantes :

  • une aide égale à 30 % des coûts éligibles et plafonnée à 2 millions d’euros : pour les entreprises subissant une baisse d’excédent brut d’exploitation (EBE) de 30 % par rapport à 2021.
  • une aide égale à 50 % des coûts éligibles et plafonnée à 25 millions d’euros : pour les entreprises dont l’EBE est négatif et dont le montant des pertes est au plus égal à deux fois les coûts éligibles.
  • une aide égale à 70 % des coûts éligibles et plafonnée à 50 millions d’euros : pour les entreprises qui respectent les mêmes critères que précédemment, et qui exercent dans un des secteurs les plus exposés à la concurrence internationale (listés en annexe de l’encadrement temporaire).

Dans les deux derniers cas, l’aide est limitée à 80 % du montant de ces pertes. Dans le cas où une entreprise fait partie d’un groupe, le plafond d’aide sera évalué à l’échelle du groupe (et non de l’entreprise). Le respect des critères d’éligibilité seront vérifiés et calculés par un expert-comptable ou commissaire aux comptes.

Le dispositif est ouvert au cours de la deuxième quinzaine du mois de juin, et les dépôts se font sur l’espace professionnel du site www.impots.gouv.fr.

Relations avec vos fournisseurs d’énergie

La situation actuelle a un impact important sur la stabilité financière de nombreuses entreprises. Plus que jamais, il est important de connaître vos droits, de rester vigilant aux dépenses de votre entreprise et à la qualité des relations avec vos fournisseurs d’énergie.

Il est important de vous assurer que vos contrats en cours sont appliqués correctement, notamment au niveau des clauses d’indexation, de sortie ou définissant les situations exceptionnelles. Vérifiez également que les mesures mises en place par le gouvernement (détaillées plus tôt dans cet article) sont bien appliquées et reflétées dans votre facture.

OMNEGY à vos côtés

Face à cette crise, l’avis d’un œil externe est utile pour évaluer la situation de votre entreprise. Les experts d’OMNEGY restent mobilisées pour vous aider à faire le point sur vos consommations énergétiques, et à trouver des solutions adaptées à vos besoins.

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