Le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) a publié le 4 avril 2022, le troisième volet de son dernier rapport (l’AR6). Dans les deux premiers volets, le rapport portait sur les effets, les vulnérabilités ainsi que l’adaptation nécessaire à la crise climatique. Cette nouvelle publication traite des solutions envisageables pour limiter et atténuer les changements climatiques. Elle fournit une évaluation actualisée des progrès et engagements en matière d’atténuation du changement climatique. À noter également, le rapport complet comprend des nouveautés importantes, comme par exemple un chapitre sur les aspects sociaux de l’atténuation, qui explore les facteurs qui motivent la consommation et les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce rapport, le GIEC comme à son habitude ne préconise rien, laissant aux dirigeants politiques et économiques la charge d’évaluer les moyens d’actions envisageables.
Retrouvez le décryptage complet du Rapport du GIEC 2022
OMNEGY reprend pour vous les points clés à retenir de ce dernier rapport du GIEC.
Qu’est-ce que le GIEC et comment fonctionne-t-il ?
Rappel : Tout savoir sur le GIEC et son fonctionnement
Le présent rapport du Groupe de Travail III (WGIII) est la synthèse d’environ 18 000 papiers scientifiques. Les 278 autrices et auteurs principaux ont répondu à environ 59 000 commentaires des gouvernements et d’experts. Le résumé à l’intention des décideurs (le SPM) a ensuite été validé ligne par ligne par les gouvernements des États membres. Ce rapport fait l’objet de longues séances de délibération, avec jusqu’à 400 délégués et auteurs du monde entier. La finalisation du résumé pour les décideurs a eu cette fois ci 48 heures de retard : la plus longue séance plénière d’approbation du GIEC en ses 34 ans d’histoire !
Vous trouverez plus de détails sur le fonctionnement du GIEC et la rédaction de ses rapports dans notre article dédié au premier volet de l’AR6. Voici sans plus tarder les principales conclusions du nouveau rapport du GIEC.
1. Des émissions records pour cette dernière décennie
D’après les modélisations listées par les auteurs du GIEC, nous avons atteint des émissions records lors de cette dernière décennie. Les émissions anthropiques totales nettes de gaz à effet de serre ont augmenté de 10% entre 2010 et 2019, et ce dans tous les grands secteurs au niveau mondial. Une part croissante des émissions est attribuée aux zones urbaines, qui ont également connu une expansion importante lors de cette dernière décennie.
Les émissions annuelles moyennes au cours de cette même période ont été supérieures à celles de toutes les décennies précédentes. Cependant, le taux de croissance entre 2010 et 2019 a été inférieur à celui enregistré entre 2000 et 2009.
Les émissions de CO2 ont également varié en fonction des secteurs et des régions. Les émissions provenant des combustibles fossiles et des processus industriels par exemple, ont été inférieures (en valeur relative) aux augmentations des émissions liées aux domaines des transports, de l’agriculture ou encore des bâtiments. Les émissions varient également aux échelles nationales et régionales, et reflètent en partie différents niveaux de développement.
Quelques chiffres marquants : les ménages dont le revenu se situe dans les 10% les plus hauts sont à l’origine de 34 à 45% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ceux donc les revenus se situent dans les 50% inférieurs contribuent seulement à hauteur de 13 à 15%. Que ce soit à l’échelle des industries, des régions ou des populations, les niveaux d’émissions varient énormément.
2. Sans action imminente, nous risquons de dépasser un réchauffement de +1,5°C
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2030, associées à la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (NDC) annoncées avant la COP26 rendaient probable un réchauffement supérieur à +1.5°C au cours du 21e siècle, et rendait la tâche plus difficile de limiter à +2°C après 2030. Les projections de ce dernier rapport sont sans appel : pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, les émissions doivent baisser de 27% d’ici 2030, et de 63% d’ici 2050.
Source : AR6, groupe de travail III
Nous devons impérativement mettre en place des actions fortes, afin de limiter le réchauffement climatique. Les émissions cumulées de CO2 projetées pour la durée de vie des infrastructures d’énergies fossiles existantes (et planifiées) dépassent les émissions cumulées nette dans les trajectoires qui limitent le réchauffement à 1,5 °C. Cela impliquerait donc de fermer prématurément (c’est-à-dire avant la fin de leur durée de vie prévue) les infrastructures gazières et pétrolières, et ce d’ici 2050. La consommation de charbon devrait diminuer de 76% d’ici 2030, et disparaître d’ici 2050. Le constat est important : sans fermeture anticipée d’une partie des exploitations de charbon, gaz et pétrole, nous dépasserons un réchauffement de +1.5°C.
La réduction des émissions dans l’ensemble du secteur de l’énergie nécessiterait des transitions majeures : une réduction de l’utilisation globale des énergies fossiles, le déploiement de sources d’énergie bas carbone, etc. Cette transition nécessite un engagement fort de la part des responsables politiques et économiques.
Or il est urgent d’agir : les prochaines années seront critiques afin d’améliorer nos chances de succès. Si nous voulons limiter le réchauffement à 1,5 °C, le pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre doit être passé entre 2020 et au plus tard 2025. A noter cependant, cela ne signifie pas qu’il reste trois ans pour agir !
« Chaque émission de gaz à effet de serre évitée réduit le changement climatique et ses effets, réduit les risques, les pertes et les dommages. Il n’est jamais trop tôt pour agir »
3. Une augmentation des politiques d’innovation
Au cours des vingt dernières années, les coûts unitaires de plusieurs technologies à faible taux d’émissions ont baissé de manière significative (voir le schéma ci-dessous). De nombreuses politiques globale et adaptées ont été adoptées, portant sur des systèmes d’innovation qui contribuent à surmonter les effets distributifs, environnementaux et sociaux potentiellement associés à la mondialisation.
Source : AR6, groupe de travail III
Depuis la publication du dernier rapport (l’AR5), il y a eu une augmentation constante des politiques d’innovation et lois d’atténuation. Cette tendance a permis de limiter en partie le réchauffement climatique, en évitant des émissions qui auraient autrement eu lieu. Cette décennie aura également été marquée par des investissements croissants dans les technologies et infrastructures bas carbone, avec une augmentation des financements privés et publiques de projets bas-carbone.
4. Une transition plus ou moins aisée selon les industries et les régions
Comme nous l’avons expliqué plus tôt dans l’article, toutes les industries et régions ne contribuent pas au réchauffement climatique de manière égale. Certaines devront donc redoubler d’efforts et de mesures afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Dans le secteur industriel par exemple, atteindre la neutralité carbone représenterait un réel défi, mais reste possible. La réduction des émissions de gaz à effet de serre nécessitera une action coordonnée, et ce tout au long des chaînes de valeur et de production. Il faudra promouvoir activement toutes les options d’atténuation, comme l’efficacité énergétique et matérielle, les changements structurels, ou encore l’économie circulaire.
Les options d’atténuation dans le secteur de l’agriculture, de la forêt et des autres utilisations des terres (AFOLU) représentent également un enjeu majeur. Mises en œuvre de manière durables, elles pourraient permettre de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, et d’assurer des absorptions renforcées. Elles ne pourront cependant pas compenser à elles seules les actions retardées d’autres secteurs. Il est donc important que chaque secteur mette en place les options d’atténuation adaptées.
A l’échelle régionale, les zones urbaines pourraient mettre en place une transition systématique des infrastructures et de la forme urbaine, vers des voies de développement plus durables (à faible taux d’émissions). Ces changements structurels permettre de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre de ces zones, en pleine expansion depuis plusieurs décennies.
Certains facteurs sont essentiels pour que ces changements s’opèrent dans différentes régions et industries :
- Il y a un besoin important de ressources et flux financiers. A ce stade, ceux recensés sont inférieurs aux niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs d’atténuation dans tous les secteurs et toutes les régions. Le défi de combler ces écarts est le plus important dans l’ensemble des pays en développement ;
- La coopération internationale est également un outil essentiel pour atteindre ces objectifs d’atténuation du changement climatique. Le protocole de Kyoto et l’Accord de Paris soutiennent les niveaux croissants d’ambition à l’échelle nationale, et encouragent également la mise en œuvre de politiques climatiques globales.
5. Un appel à la sobriété
Un point très intéressant de ce rapport est qu’il souligne les avantages à agir sur la « demande », c’est-à-dire sur les comportements des consommateurs, qui (s’ils agissent de manière collective) peuvent réorienter l’activité économique dans un sens plus durable, et plus favorable à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le rapport du GIEC appelle à la sobriété, sur plusieurs plans. Il insiste notamment sur les « facteurs socioculturels », comme le rôle des consommateurs dans l’alimentation. Le rapport va jusqu’à associer un changement de régime alimentaire (avec une baisse de la consommation de protéines animales) à une baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Les technologies évoluent également en ce sens, rendant un changement du côté de la demande plus concret et envisageable. Les véhicules électriques par exemple, alimentés par de l’électricité à faible émission offrent le plus grand potentiel de décarbonation pour le transport terrestre. De telles technologie bas carbone peuvent réduire les émissions du secteur des transports dans les pays développés, et limiter leur croissance dans les pays en développement.
De nombreuses stratégies d’atténuation auraient des avantages connexes, notamment des améliorations de la qualité de l’air, des avantages pour la santé ou encore un accès équitable aux services de transports. Ce type d’avantages s’applique à toutes les industries et touche toutes les régions : il existe de nombreuses opportunités spécifiques à chaque pays. Nous avons tous intérêt à réduire et limiter nos émissions de gaz à effet de serre tant que possible.
6. Des avantages certains à réduire nos émissions
Une action climatique accélérée et équitable permettrait d’atténuer les effets du réchauffement climatique, et de s’y adapter. Une telle stratégie d’actions de lutte est essentielle au développement durable. Accélérer la transition énergétique au profit du renouvelable, bon marché et efficace est une affaire urgente.
Des actions durables mises en place rapidement entraîneront des conséquences distributives dans différentes régions du monde, et entre les pays. Une participation large et significative de tous les acteurs concernés peut avoir de nombreux avantages : renforcer la confiance sociale, ainsi que renforcer et élargir le soutien aux changements transformateurs en matière de climat.
Une baisse de la demande et une baisse de nos émissions de gaz à effet de serre peuvent également entraîner une hausse de nos bien-être. Le GIEC établit dans son rapport un lien entre la question du bien-être et la sobriété. On retrouve notamment ce passage dans la FAQ :
« Il est de plus en plus évident que la simple valeur monétaire de la croissance des revenus est insuffisante pour mesurer le bien-être national et individuel. Par conséquent, toute action visant à atténuer le changement climatique est mieux évaluée par rapport à un ensemble d’indicateurs qui représentent une plus grande variété de besoins pour définir le bien-être individuel, la stabilité macroéconomique et la santé planétaire. De nombreuses solutions qui réduisent la demande de matières premières et d’énergie fossile, et donc réduisent les émissions de GES, fournissent de meilleurs services pour contribuer au bien-être pour tous ».
Les solutions existent, il est urgent d’agir
Ce dernier rapport du GIEC confirme que nous avons des solutions d’atténuation au changement climatique et qu’elles sont accessibles. Les progrès technologiques vont dans le bon sens. Il existe désormais dans tous les secteurs et toutes les régions, des options permettant de réduire nos émissions au moins de moitié d’ici 2030.
Il reste certes quelques points plus compliqués. Les flux financiers notamment, doivent augmenter de 3 à 6 fois pour financer la transition écologique au niveau mondial. Pour ce faire, il est nécessaire qu’une volonté politique à l’échelle mondiale émerge, afin que les Etats décident communément de cesser d’investir des milliards de dollars dans les combustibles fossiles mais favorisent plutôt des solutions bas carbones et renouvelables.
Les choix individuels seuls ne peuvent répondre que partiellement à la réduction nécessaire des gaz à effet de serre. Nous devons, à l’échelle collective et mondiale, mettre en place des politiques et infrastructures adéquates, afin d’inciter et d’aider les citoyens à changer ! Un appel à la sobriété ne suffit pas, nous devons donner les moyens aux citoyens de changer.
Il n’est pas trop tard pour agir, mais une mise en œuvre de solutions d’atténuation devient urgente. Chaque jour d’inaction a des conséquences et réduit la marge de manœuvre pour respecter nos engagements climatiques. Citoyens, entreprises, collectivités… Chacun se doit d’œuvrer à son échelle pour lutter contre le réchauffement climatique.
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