1. De nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump

Le 2 avril 2025, Donald Trump a dévoilé les nouveaux droits de douane qu’il compte imposer sur les importations provenant de 185 états sur le sol américain, avec un plafond minimum de 10 % pour chaque pays et des niveaux de taxation plus élevés pour les pays détenant un excédent commercial avec les Etats-Unis.

On y retrouve, par exemple des droits de douane de :

  • 49 % pour le Cambodge
  • 46 % pour le Vietnam
  • 34 % pour la Chine, en plus de 20 % de droits de douane initialement imposés
  • 20 % de droits de douane pour l’Union Européenne
  • 26 % pour l’Inde
  • 10 % pour le Royaume-Uni

Cette annonce a été perçue comme beaucoup plus impactante et étendue qu’anticipée pour ce « Liberation Day », promis par Donald Trump comme allant permettre un nouvel âge d’or pour la nation américaine et la fin de l’impôt sur le revenu pour les ménages américains.

L’impact de cette annonce sur les marchés financiers a été immédiate, avec un décrochage historique de toutes les places boursières à travers la planète, Wall Street compris. Cette chute des marchés boursiers a été d’autant plus exacerbée par la réponse de la Chine, qui a annoncé qu’elle imposerait des droits de douane réciproque de 34 % sur tous les biens qu’elle importe des Etats-Unis. Ce à quoi Donald Trump a annoncé qu’il augmenterait les taxes à près de 50 % au lieu des 34 % initiaux si la Chine agit de la sorte.

Le risque de l’escalade est donc bien réel et a semé la panique à travers le monde. Si de son côté l’Europe se montre plus diplomate, en ayant proposé la fin des barrières douanières entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde, Trump a répondu qu’il souhaitait avant tout que l’UE27 achète plus de produits énergétiques en provenance d’Amérique. Les ministres de l’économie européens ont proposé une imposition de 25 % de droits de douane sur tous les biens provenant des Etats-Unis en réponse, excluant visiblement le pétrole ou le gaz naturel liquéfié.

Mise à jour au 10 avril 2025 : Donald Trump a annoncé le 09 avril 205 qu’il suspendait l’application des droits de douane supérieurs à 10 % pour une période de 90 jours afin de laisser le temps aux négociations avec les pays concernés de se dérouler. Mais il a également augmenté le taux appliqué aux produits chinois importés par les Etats-Unis à 125 % après que la Chine ait augmenté une seconde fois ses propres droits de douane sur les produits américains (+ 50 %, soit 84 % au total).

La situation est donc la suivante : des droits de douane de 10 % sont appliqués à tous les pays (185 états) pendant 90 jours, sauf à la Chine (125 %), et à hauteur de 25 % pour l’automobile, l’acier et l’aluminium. Au total, cela représente tout de même une augmentation de 17,5 % du taux moyen américain appliqué aux produits étrangers. Cela reste donc une augmentation considérable des mesures protectionnistes américaines. Les rebonds boursiers à la suite de cette annonce sont spectaculaires, + 9,5 % pour le S&P500 et + 12 % pour le Nasdaq. Dans le même temps, le prix des matières premières à également rebondi suite à ces annonces. Le fond du sujet reste toutefois toujours le même : les barrières douanières ne vont pas disparaître immédiatement et la situation avec la Chine s’aggrave, promettant encore des remous conséquents sur les marchés.

2. Panique sur les places boursières

La situation financière par continent est, depuis cette annonce, bien morose et peut annoncer une future récession ainsi que des marchés boursiers qui resteraient en baisse durablement si ces droits de douane venaient à se maintenir. En effet, ces derniers vont ralentir l’expansion du commerce mondial et provoquer une moindre production industrielle et également moins de consommation, que ce soit pour l’énergie, les biens manufacturés…

La situation depuis le début d’année est la suivante :

  • En Asie, les indices de Hong-Kong (Hang Seng) et de Shanghai (Shanghai Composite Index) ont fortement progressé à la hausse depuis le début d’année, avec des gains de plus de 20% pour le premier. Depuis le 2 avril, tous les gains de l’année ont quasiment été éradiqués suite aux annonces de Donald Trump, avec un décrochage de plus de 12,5 % depuis le jeudi 3 avril pour l’indice hongkongais. La Chine avait multiplié les plans de relance économique pour soutenir la consommation dans le pays et le président Xi Jinping a fait plusieurs apparitions aux côtés de leaders de la technologie pour montrer son soutien aux entreprises. Également, le modèle d’I.A. de Deepseek a permis de gros rebonds boursiers sur les places financières asiatiques. Ces efforts ont donc tout simplement été balayés par ce spectre de guerre commerciale qui semble se mettre en place de manière intensive entre la Chine et les Etats-Unis. Le 9 avril, les Etats-Unis ont annoncé vouloir mettre 104% de droits de douane sur les biens chinois, et la réplique chinoise fait état de 84 % de droits de douane sur tous les biens américains. Le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine est de 295,4 milliards de dollars en 2024.
  • En Europe, la situation était également très positive depuis le début de l’année, puisque l’Euro Stoxx 600, regroupant les 600 plus grosses entreprises par capitalisation en Europe, avait progressé de plus de 10 % depuis le 1er janvier. La valeur des entreprises européennes était à ce moment bon marché par rapport à leurs pairs américains et les annonces à tout va dans le secteur de la défense ainsi que la mise en place d’un plan de relance de l’économie d’envergure en Allemagne ont contribué à fortement faire remonter les cours. De même qu’en Asie, tous les gains du début d’année ont été effacés par les annonces de Donald Trump du 2 avril, avec une chute de plus de 11 % pour cet indice en l’espace de quelques jours. Le déficit commercial des Etats-Unis avec l’UE27 était de 235,57 milliards de dollars en 2024.
  • Aux Etats-Unis, la situation du pays au début de l’année était plutôt favorable. L’élection de Donald Trump a provoqué de fortes hausses sur les marchés boursiers, mais ceux-ci ont vite commencé à se dégrader, d’ores et déjà à partir du mois de février, suite aux annonces successives de la nouvelle politique commerciale que souhaite mettre en place la Maison-Blanche. En l’espace de 5 jours depuis l’annonce des droits de douane américains, le S&P500 a perdu près de 11%, de même pour le Nasdaq-100, qui regroupe les valeurs du secteur de la technologie. Les financiers estiment que ce sont les Etats-Unis qui ont le plus à perdre de la mise en place des tarifs et pénalisent donc les grands indices américains, de même que le dollar, qui s’affaiblit. L’inflation étant encore élevée aux Etats-Unis, la FED a abaissé ses taux avec prudence, mais cette nouvelle politique tarifaire pourrait à nouveau la faire remonter, car tous les biens provenant de l’étranger, sur le sol américain, coûteront plus chers pour les consommateurs. Toutefois, en cas de récession, la FED pourrait se mettre à baisser ses taux plus rapidement pour éviter une déroute de l’économie américaine, qui se répercuterait dans le monde entier.

Ces niveaux de volatilité en bourse n’ont pas été aperçus sur les marchés depuis l’épidémie de Covid-19 et ont fait bondir le VIX, autrement appelé « indice de la peur ». Lorsque cet indice s’agite à la hausse, cela sous-entend qu’une certaine fébrilité, voire panique boursière, est observable sur les marchés. Cet indice n’a dépassé les niveaux actuels que 2 fois en 20 ans (krach de 2008 et épidémie de Covid-19).

3. Répercussions sur les marchés de l’énergie

Par répercussion, l’ensemble du complexe énergétique a vu ses prix baisser de manière drastique, que ce soit le pétrole ou le gaz, le charbon, l’électricité ou bien encore le prix des quotas de CO2. Le ralentissement, voire la crise que pourrait provoquer ces droits de douane, a eu un effet immédiat sur le cours des matières premières.

A titre d’exemple, le prix du pétrole a perdu plus de 12 % dans la semaine, pour revenir à son niveau le plus bas depuis 4 ans, soit pendant la crise de Covid-19.

Le prix du gaz naturel en Europe est également revenu sur ses plus bas niveaux depuis 1 an et il est également en chute libre en Asie.

Conclusion

L’ensemble des produits dérivés adossés aux matières premières sont en territoire largement baissier, car si la croissance mondiale ralentit, que les échanges sont moins volumineux et que les industries et entreprises produisent moins, il y aura nécessairement des baisses importantes de la consommation d’énergie, impliquant donc une chute des prix dans ce secteur.

Historiquement, les crises, qu’elles soient financières (krach de 2008) ou sanitaires (Covid-19), ont toujours impliqué de fortes diminutions de la demande énergétique et un effondrement du prix de l’énergie. Dans le contexte actuel, on ne peut pas encore parler de crise, mais l’ensemble du système économique basé sur le libre-échange semble être en passe d’être durablement remis en question, et pourrait provoquer dans les prochains mois une crise économique. La direction prise par les indices énergétiques et boursiers en sont une première indication.

Dans ce contexte épineux, il y a toutefois de bonnes nouvelles, étant que les prix de l’énergie en Europe se situent actuellement sur des bas niveaux historiques. Le pétrole, le gaz ou bien encore l’électricité s’échangent, depuis l’annonce de ces tarifs, à des prix très inférieurs au début de l’année et peuvent constituer un bon point d’entrée pour se couvrir sur les prochaines années, sous la mandature de Donald Trump. L’impact économique de ces mesures est encore incertain, mais il y aura de toute manière une rupture de confiance durable entre les différentes zones économiques, ajoutant un degré de risque en plus sur les matières premières.

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