Depuis un peu plus d’un an, les prix de l’énergie ont explosé, provoquant des répercussions sur le budget des ménages et des professionnels. Malgré le bouclier tarifaire qui protège les particuliers et petits professionnels et un récent dispositif d’aide destiné aux entreprises très consommatrices d’énergie, la hausse des coûts n’a épargné personne. La guerre en Ukraine et les tensions avec la Russie, principale source d’approvisionnement en gaz naturel pour une grande partie des pays de l’Union européenne n’ont fait qu’aggraver la situation. Avec l’hiver qui approche apparaît la crainte que notre production ne soit pas à la hauteur de la demande lors des périodes de grand froid. Le gouvernement a donc commencé à préparer les Français à entrer dans une nouvelle phase : celle de la sobriété énergétique.

Mais à quoi cela correspond-il ? De quelles façons les entreprises vont-elles être concernées ? Explications.

Sobriété énergétique : de quoi parle-t-on ?

Si nous entrons dans une phase de sobriété énergétique, c’est parce que les difficultés d’approvisionnement couplées aux problèmes rencontrés par notre parc nucléaire font craindre des risques de déséquilibre du réseau électrique.

Les difficultés d’approvisionnement

En France, selon les chiffres officiels, le mix énergétique primaire en 2020 se décomposait de la façon suivante :

En ce qui concerne le gaz, le principal importateur pour la France est la Norvège (36%), loin derrière la Russie qui nous approvisionne à hauteur de 17%.

Le pays n’est donc pas à proprement parler dans une situation délicate en ce qui concerne l’approvisionnement en gaz, d’autant que le stockage du gaz est en bonne voie pour cette fin d’été avec un taux de remplissage des cuves de 93% au 4 septembre 2022.

Mais en cas de pic de demande d’électricité cet hiver, la France aura recours à l’importation, comme c’est le cas tous les ans. Or, nos voisins exportateurs rencontrent également une crise énergétique (notamment l’Allemagne, fortement dépendante du gaz russe) et l’importation pourrait donc être plus délicate cette année.

Le parc nucléaire français en difficulté

On l’a vu, nous sommes fortement dépendants du nucléaire. S’il représente 40 % de notre mix énergétique global, le taux grimpe aux alentours de 67% lorsqu’on évoque uniquement le bouquet électrique français (et non plus énergétique qui englobe l’ensemble des sources d’énergie).

Or, notre parc nucléaire souffre depuis plusieurs mois. Au report des opérations de maintenance pendant la crise sanitaire de 2020 se sont ajoutés les problèmes de corrosion détectés sur plusieurs réacteurs.

À ce jour, 32 des 56 réacteurs français sont à l’arrêt. Ce n’est pas rassurant, vu l’hiver tendu qui s’approche sur le plan énergétique. EDF a toutefois prévu le redémarrage progressif de ses réacteurs entre septembre et février.

N’oublions pas que le parc nucléaire est vieillissant et qu’il peut subir de nouveaux dysfonctionnements inopinés dans les mois à venir.

➡️ Pour en savoir plus retrouvez notre article intitulé : ” Les conséquences d’une disponibilité nucléaire historiquement faible en France “

La crainte d’un déséquilibre du réseau entraînant un black-out

Pour fonctionner correctement, le réseau électrique doit en permanence être équilibré entre la demande et la production. Cet équilibre est géré par RTE (Gestionnaire du Réseau de Transport d’Electricité).

Or, en hiver, en cas de pic de froid, les consommations augmentent, ce qui peut poser un problème si la production n’est pas suffisante. Dans ce cas, la France fait appel à ses voisins pour importer de l’électricité, via notamment les interconnexions qui existent partout en Europe. Mais si l’importation n’est pas possible, le déséquilibre du réseau pourrait provoquer un black-out, c’est-à-dire une coupure généralisée.

Pour éviter à tout prix ce risque, la France demande aux consommateurs, particuliers comme professionnels, de faire des efforts. Il est question de s’interroger sur ses usages pour rationaliser sa consommation.

Abordons ce qui est attendu des entreprises pour cet hiver.

Qu’est-ce qui est demandé aux entreprises cet hiver ?

Baisse des consommations et report des usages en période creuse lorsque cela est possible, deux impératifs auxquels les entreprises vont devoir se plier.

La baisse des consommations de 10 %

La Première Ministre l’a annoncé fin août 2022, les entreprises vont devoir baisser leurs consommations de 10 % cet hiver.

L’idée est de faire participer les professionnels à l’effort collectif pour que le réseau ne se retrouve pas dans une situation critique cet hiver.

Dans ce sens, Elisabeth Borne invite les entreprises à établir dès la rentrée des « plans de sobriété » afin de s’engager dans une phase d’économie d’énergie. Il a également été suggéré aux patrons de nommer dans chaque entreprise un « ambassadeur de sobriété » qui serait le référent en la matière.

Même si de nombreuses sociétés ont déjà amorcé ce mouvement, sans attendre les incitations du gouvernement, ce discours officiel permettra de faire passer un message clair : la sobriété énergétique doit être dans les esprits, dès la rentrée de septembre 2022.

Rappelons qu’avant ces annonces, l’État avait déjà prévu d’inciter les entreprises à réduire leurs consommations avec le Décret Tertiaire du 23 juillet 2019. Ce texte impose à toute entreprise du secteur tertiaire dont le bâtiment est de 1000 m2 minimum de diminuer ses consommations d’énergie finale pour atteindre – 40 % en 2030, – 50 % en 2040 et – 60 % en 2050.

Pour cela, les entreprises concernées devront enregistrer chaque année leurs consommations en ligne sur la plateforme « Mission Transition ». L’idée est d’accompagner les professionnels dans leur transition énergétique, afin que la France puisse atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici 2050.

➡️ Pour en savoir plus sur la neutralité carbone, retrouvez notre article : ” La neutralité carbone : définition, principes et enjeux “

Le report des usages en cas de pic de consommation

En cas de pic de consommation pendant l’hiver, le gouvernement attend aussi des entreprises qu’elles baissent et/ou reportent leurs usages pour passer le cap.

L’idée est d’éteindre certaines machines ou de ralentir la cadence pendant une ou deux heures, afin de maintenir l’équilibre du réseau. Mais plus généralement, toute personne, particulier ou professionnel qui se sent concernée par la situation peut s’informer de l’état du réseau en direct.

En partenariat avec l’ADEME, le gestionnaire de réseau RTE a mis en place le site Ecowatt qui se veut comme une véritable « météo de l’électricité ». Actuellement en refonte, la nouvelle version du site verra le jour d’ici la fin du mois de septembre 2022. Sur l’interface, tout consommateur peut se tenir informé des prévisions de consommation le jour même et jusqu’à J+2. Les différentes couleurs annoncent l’état du réseau. Du bleu lorsque la consommation est normale, on peut atteindre le rouge lorsque le système est très tendu.

L’inscription à « l’alerte coupure » permet également d’être informée en cas de risque de coupure.

Ce type d’outil peut permettre à tous les consommateurs de connaître la situation sur le réseau et d’adapter ponctuellement sa consommation pour participer à l’équilibre du système.

Est-ce que des incitations financières sont prévues ?

Des incitations financières sont prévues pour les professionnels lorsqu’ils participent à l’équilibre du réseau.

Les contreparties prévues par les contrats en cours

Certains professionnels connaissent déjà le mécanisme de l’effacement puisqu’il est prévu dans leur contrat de fourniture. Il s’agit de limiter leurs consommations d’électricité lors des périodes de tension sur le réseau, moyennant une contrepartie financière. En pratique, le gestionnaire de réseau RTE envoie un signal au professionnel pour indiquer la nécessité de réduire ses usages sur une période donnée. Ces contrats sont généralement destinés aux professionnels fortement consommateurs d’électricité.

Cela permet au réseau d’avoir une souplesse lui permettant d’ajuster l’offre à la demande en cas de pic de consommation.

Ce type de dispositif ne permet pas réellement de baisser le niveau global de la consommation. Il s’agit simplement de reporter ponctuellement ses usages pour soulager le réseau. Mais l’idée est bonne puisqu’elle permet de gérer un pic de consommation en évitant d’importer de l’électricité par exemple.

Les nouveaux contrats à venir

Dans le cadre du plan de sobriété énergétique annoncé pendant l’été par le gouvernement, ce dernier a demandé aux fournisseurs de prévoir de nouveaux contrats à l’intention de leurs clients, particuliers et professionnels.

L’idée est d’inciter le report des usages en période creuse cet hiver, pour éviter les tensions sur le réseau et moyennant une contrepartie financière. Pour les professionnels, cela ressemble aux contrats d’effacement précités.

Mais pour viser le plus grand nombre et avoir un impact plus fort sur le réseau, de nouveaux contrats devraient apparaître prochainement. Pour l’instant, les fournisseurs n’ont pas donné davantage de précisions.

Sera-t-il possible d’échapper à cet impératif de sobriété énergétique ?

Est-ce que tout le monde sera obligé de se plier aux impératifs de sobriété énergétique ? Après tout, à partir du moment où le client paye sa facture, est-ce qu’il n’a pas le droit de consommer comme il le souhaite ?

En théorie, oui. Le gouvernement semble vouloir inciter d’abord les consommateurs à réduire leurs usages de façon volontaire.

Mais les entreprises étant encouragées à établir des plans de sobriété, elles devront probablement s’engager sur des objectifs chiffrés. D’ailleurs, depuis le mois de juin 2022, le gouvernement rencontre les acteurs de différents secteurs professionnels pour encourager les patrons à établir des plans de sobriété.

Il y a eu par exemple le groupe de travail « Entreprises et organisation du travail » le 1er juillet, « Établissements recevant du public et les grandes surfaces commerciales » le 7 juillet ou encore « Transports » le 6 septembre 2022.

Exemple :

Lors de la réunion du groupe « Transports », plusieurs pistes ont été dégagées par les entreprises, telles que :

  • Le déploiement des consignes de températures pour tous les bureaux (26 °C minimum l’été avec la climatisation et 19 °C maximum l’hiver pour le chauffage) ;
  • La baisse de l’éclairage dans les gares et stations et diminution des publicités lumineuses ;
  • L’accélération des chantiers de rénovation énergétique ;
  • La formation à l’écoconduite ;
  • Le développement des énergies de traction alternatives aux énergies fossiles comme les batteries ou l’hydrogène.

Même si aucune sanction n’est prévue à ce stade en cas de non-respect des divers plans de sobriété établis, il semble qu’il ne soit pas dans l’intérêt des professionnels de ne pas suivre le mouvement. En effet, après l’été caniculaire que nous venons de passer, c’est une véritable prise de conscience collective qui a eu lieu au sujet de la crise climatique. Il sera donc difficile pour les entreprises de faire l’impasse sur la question. D’autant que c’est dans leur intérêt de faire des économies sur leur facture d’énergie. En plus, avec les réseaux sociaux, l’information circule vite et en cas de pratiques incompatibles avec la transition énergétique, les entreprises concernées seront sans doute dénoncées publiquement.

Cela nuirait donc à leur image de marque, ce qui n’est pas bon pour leur activité.

Même l’État se doit d’être irréprochable. Au vu des efforts qui sont demandés par les pouvoirs publics aux Français en vue de l’hiver délicat qui s’annonce, les pratiques du gouvernement sont surveillées.

C’est ainsi que durant l’été, un fait divers a été relayé sur les réseaux sociaux concernant les moteurs des voitures ministérielles qui continuaient de tourner pendant le conseil des Ministres. En retrouvant leur véhicule à l’issue de la réunion, les membres du gouvernement bénéficiaient ainsi tout de suite des bienfaits de la climatisation.

L’anecdote a fait grand bruit et le gouvernement a été obligé de faire amende honorable.

Cela prouve qu’à l’approche de l’hiver, chaque action des entreprises sera vérifiée et les pratiques peu respectueuses de l’environnement ne manqueront pas d’être dénoncées dans l’espace public.

À ce stade, nous sommes donc plutôt dans une logique d’incitation et d’accompagnement que de sanctions.

Dans ce sens, l’ADEME rappelle sur son site qu’un accompagnement personnalisé est ouvert aux entreprises qui en font la demande. Un bilan énergétique de l’entreprise est alors réalisé et le professionnel est accompagné tout au long du processus, notamment via diverses aides financières, pour qu’il puisse réaliser des économies d’énergie.

OMNEGY à vos côtés

Quelle que soit la taille de votre entreprise, tout professionnel doit se lancer sans attendre dans la sobriété énergétique. C’est le moment de s’interroger sur vos pratiques, vos équipements et de faire évoluer votre activité dans le respect de l’environnement. Où en êtes-vous dans vos démarche de réduction de l’empreinte environnementale ? Les experts d’OMNEGY vous proposent une gamme complète de solutions pour responsabiliser vos consommations d’énergie et ainsi réduire l’empreinte environnementale de votre entreprise.

Partager cet article