Introduction : la fin de l’ARENH à l’horizon 2025
L’Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique (ARENH) a été une pierre angulaire du paysage énergétique français pendant de nombreuses années. Mis en place en 2010, cet outil a permis aux fournisseurs alternatifs d’acheter une partie de la production d’électricité nucléaire d’EDF à un prix régulé afin que tous les consommateurs puissent bénéficier de cette énergie bon marché. Cependant, avec la fin prévue de l’ARENH en 2025, le secteur de l’énergie est à l’aube d’une transformation majeure.
Le nouveau pas d’EDF : préparer le futur
Alors que l’horizon 2025 se rapproche, EDF se prépare activement à l’ère post-ARENH. L‘électricien a annoncé le 7 septembre 2023 son intention de mettre en vente deux rubans d‘électricité de 100 mégawatts (MW) chacun pour les années 2027 et 2028. Cette offre sera distribuée via des enchères journalières de 1 à 5 MW maximum, jusqu’à épuisement.
La cible première ? Les fournisseurs alternatifs et les traders du marché de gros de l’électricité. Avec cette manœuvre, EDF aspire à établir un prix de moyen terme, proposant ainsi des contrats d’une maturité plus longue que ceux couramment disponibles sur le marché de gros, et qui seraient synonymes de prix plus stables et compétitifs pour le client final.
Marc Benayoun, Directeur exécutif d’EDF en charge du pôle client, a énoncé que les prix issus de ces enchères seraient « dans la continuité de ce qu’on voit depuis plusieurs semaines pour ces horizons là ». Il ajoute qu’ils se situeraient “un peu en dessous de 100 euros par mégawattheure“.
Un contexte européen tendu
Ce développement intervient alors que les discussions sur les réformes du marché de l’électricité semblent patiner au niveau européen. L’Europe cherche désespérément un équilibre entre la transition vers les énergies renouvelables, la garantie d’une énergie abordable pour tous et la sécurité de l’approvisionnement. Dans ce contexte, l’initiative d’EDF pourrait bien jeter un pavé dans la mare.
Conséquences et implications
Les prix actuels du marché pour les années 2027 (100,5 €/MWh) et 2028 (86,2 €/MWh), sont sensiblement proches des ordres de grandeurs évoqués par EDF, ce qui n’est certainement pas un hasard.
Beaucoup de questions demeurent sur les conséquences de cette expérimentation sur l’organisation des marchés de gros : est-ce que ces enchères permettront d’établir un signal prix de qualité permettant d’accroître la liquidité sur ces échéances ? Est-ce que la demande sera au rendez-vous de cette offre ? Comment évolueront les prix dans le temps ? Comment se prémunir contre la position dominante qu’aura EDF en tant que seul offreur (pour le moment) à ces échéances ?
Vers l’avenir
Alors que l’ARENH touche à sa fin, l’avenir du marché énergétique français, et par extension européen, demeure incertain. L’expérimentation d’EDF pourrait soit établir une nouvelle norme pour les contrats à moyen terme, soit être un simple épisode dans l’adaptation constante du marché à un paysage énergétique en évolution.
Ce qui est certain, c’est que les yeux des acteurs de l’énergie, des régulateurs et des consommateurs seront rivés sur les premières enchères d’EDF, qui débuteront le 18 septembre. Ces résultats donneront une première indication de la direction que prendra le marché de l’électricité en France et en Europe dans les années à venir.