En 2015, tous les pays reconnus par l’ONU signent à Paris le premier accord universel sur le climat : l’Accord de Paris. Ce traité, qui est entré en vigueur le 4 novembre 2016, a pour objectif de limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2 °C (idéalement 1,5 °C) par rapport au niveau préindustriel. Pour ce faire, nous devons atteindre la neutralité carbone d’ici le milieu du 21ème siècle. En 2019, la Commission Européenne a dévoilé son Pacte vert pour l’Europe, dont l’objectif principal est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Vous l’aurez compris, la neutralité carbone est un point clé dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
I) Qu’est-ce que la neutralité carbone ?
L’effet de serre est un phénomène thermique naturel, qui contribue au maintien du niveau moyen de la température à la surface de la planète. Cependant, notre activité humaine modifie la composition chimique de l’atmosphère et entraîne une augmentation de l’effet de serre. Ce phénomène est en grande partie responsable du dérèglement climatique que nous vivons.
Le Parlement Européen définit la neutralité carbone comme « l’équilibre entre les émissions de carbone et l’absorption du carbone de l’atmosphère par les puits de carbone ». Par abus de langage, nous parlons systématiquement de CO2 et de neutralité carbone, car il s’agit du gaz à effet de serre le plus répandu. Notez toutefois qu’il en existe un certain nombre, par exemple : méthane, hydrofluorocarbure, protoxyde d’azote, perfluorocarbure et hexafluorure de soufre.
Dans le rapport 1,5°C du GIEC, la neutralité carbone se définit par le fait de trouver un équilibre entre les quantités de CO2 émises et celles séquestrées (par des réservoirs ou puits à carbone). Tendre vers cet équilibre a pour but de stabiliser le niveau de concentration de CO2 dans l’atmosphère, et in fine de limiter le réchauffement climatique.
Il ne s’agit donc pas de réduire les émissions de CO2 à zéro, puisque cela est malheureusement impossible. S’engager à atteindre la neutralité carbone, c’est s’engager à “compenser” nos émissions de CO2 par des actions en faveur de la séquestration du carbone, afin que le tout s’équilibre et que nous entraînions une baisse globale des émissions de gaz à effet de serre.
II) Enjeux de la neutralité carbone
Bien que le carbone soit naturellement présent dans l’atmosphère (à des degrés divers à travers l’Histoire), l’activité humaine a largement augmenté la concentration de CO2 dans l’atmosphère et a engendré des changements climatiques sans précédent. L’enjeu principal de la neutralité carbone réside dans cet équilibre entre rejet de CO2 d’un côté, et absorption par des réservoirs de l’autre.
Pour vous donner une idée de l’ampleur du phénomène : en 2017, les émissions mondiales de gaz à effet de serre étaient de 37,1 gigatonnes. D’après la Commission Européenne, les réservoirs naturels (forêts, océans, sols, etc.) qui permettent la séquestration de CO2 éliminent entre 9,5 et 11 gigatonnes de CO2 par an. Nous avons largement dépassé la capacité naturelle de notre planète à absorber le CO2 et maintenir cet équilibre. Afin de limiter le changement climatique, il faut donc impérativement actionner deux leviers : une réduction globale des émissions de gaz à effet de serre et un développement des réservoirs ou puits de carbone.
Le rapport du GIEC de 2021 confirme que nos émissions la même (qui etaient d’environ 40 GtCO2/an) restaient trop élevées par rapport aux budgets carbone limitant au maximum le réchauffement climatique. Sans une réduction rapide, nous dépasserons largement les budgets dans un avenir proche (et donc les limites d’un réchauffement à +1.5°C ou +2°C).
III) Les objectifs de l’Union Européenne
Bien que d’autres régions du monde soient plus touchées, l’Europe n’échappe pas aux conditions climatiques extrêmes dues au changement climatique. Nous avons tous en mémoire les fortes pluies et inondations qui ont frappé le continent cette année. Les vagues de chaleur et canicules sont de plus en plus fréquentes. L’augmentation du niveau de la mer et l’acidification des océans entraînent déjà une perte de biodiversité importante.
Face à ces constats et à l’urgence climatique, la Commission Européenne a dévoilé en décembre 2019 son Pacte Vert pour l’Europe, visant à rendre l’Europe climatiquement neutre d’ici 2050. Une loi européenne sur le climat a été rédigée afin d’ancrer la neutralité carbone dans la législation contraignante de l’Union Européenne. L’UE souhaite devenir la première région du monde à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Elle a pour cela adopté un objectif très ambitieux : réduire ses émissions de 55% d’ici 2030 (comparé au niveau de 1990).
Les États membres devront eux-mêmes devenir climatiquement neutres d’ici 2050, afin que l’Union Européenne atteigne ses objectifs. Certains pays sont très ambitieux : la Suède a notamment pour objectif d’atteindre des émissions nulles d’ici 2045. D’autres, comme le Danemark, la France ou encore l’Allemagne, se sont engagés juridiquement à devenir climatiquement neutres d’ici 2050.
IV) Comment atteindre la neutralité carbone ?
1) Calculer son empreinte carbone
Avant de chercher à diminuer son empreinte carbone, il faut d’abord la calculer. Il existe aujourd’hui de nombreux outils en ligne vous permettant d’estimer, au moins grossièrement, l’empreinte carbone de votre ménage ou de votre entreprise. OMNEGY a notamment créé un calculateur d’émissions de CO2, accessible à tous gratuitement . Ce calculateur concerne les parties des émissions dites de scope 1 et 2. Il permet d’obtenir certains ordres de grandeur, mais reste incomplet et ne substitue pas à un Bilan Carbone complet.
En effet, pour les professionnels, la première étape d’un engagement dans la transition écologique est de réaliser un Bilan Carbone. En France, c’est aussi une obligation légale : la loi Grenelle II de juillet 2010 impose à certaines organisations de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre réglementaire (notamment pour les entreprises de plus de 500 employés). Depuis la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte de 2015, le bilan réglementaire des organisations doit être renouvelé tous les quatre ans pour les entreprises concernées.
Au-delà d’une estimation en ligne grâce à un calculateur, un audit plus poussé peut vous aider à mieux maîtriser votre activité afin d’atteindre vos objectifs en matière de d’environnement. N’hésitez pas à faire appel à notre pôle carbone pour vous accompagner dans cette étape.
2) Neutralité carbone : réduire ses émissions directes et indirectes
Il existe de nombreux moyens de réduire ses émissions de CO2, et nous nous concentrerons sur celles concernant les entreprises. Celles-ci doivent en priorité réduire leurs propres émissions directes : celles qui émanent de leurs usines, sites de production, moyens de transport, etc.
Mais elles doivent également agir sur leurs émissions indirectes : celles qui proviennent des employés, fournisseurs et sous-traitants (ou au sens plus large, de toutes les parties prenantes). Pour cela, les entreprises peuvent par exemple commercialiser des solutions dites “bas carbone”, comme une voiture électrique à la place d’une voiture thermique. Elles peuvent également opter pour des fournisseurs ayant une empreinte carbone plus faible. L’énergie étant un pôle central du fonctionnement d’une entreprise, celle-ci peut revoir ses contrats de fourniture d’énergie et opter pour un contrat à base d’énergie verte . Cela assurera une part minimum d’énergie verte dans la consommation d’une entreprise . Pour avoir un impact plus important sur sa consommation et son bilan carbone, une entreprise peut également revoir ses installations et son équipement : comme par exemple remplacer une chaudière à gaz par une chaudière électrique, moins énergivore.
3) Le mécanisme de compensation carbone
Réduire ses émissions de carbone ne représente qu’une partie de l’équilibre nécessaire pour atteindre la neutralité carbone. En effet, l’équation n’est complète que si nous augmentons également les capacités d’absorption mondiale.
C’est ce qu’on appelle la compensation carbone : le fait d’investir dans des projets qui visent à augmenter les capacités d’absorption de carbone, comme les réservoirs ou puits de carbone.
Plusieurs options s’offrent aux entreprises :
- Développer des mécanismes d’absorption de carbone au sein même de sa chaîne de production ou chaîne de valeur ;
- Financer des projets dits de “compensation” ou de “contribution à la neutralité carbone collective”, comme des puits de carbone par exemple.
Il existe également des initiatives à l’échelle européenne. Le système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE) par exemple, permet de donner un prix au carbone et d’encourager les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Quand on parle de compensation carbone, on pense évidemment aussi aux crédits carbones volontaires. Concept apparu à la fin des années 90, le crédit carbone fonctionne comme un certificat, attestant qu’un projet de réduction ou de séquestration d’émissions de gaz à effet de serre (respectant certaines conditions) a bel et bien permis d’éviter ou de séquestrer une tonne de dioxyde de carbone équivalent (tCO2e).
On pourrait donc penser qu’une entreprise pourrait clamer avoir atteint la neutralité carbone en se basant sur ces crédits. Cependant, ce point complexe fait débat, puisqu’il faut prendre en compte un certain nombre de critères :
- La date d’émission des crédits carbones. En effet, un projet portant sur des émissions réduites en 2017 par exemple, peut-il éthiquement être utilisé pour clamer une neutralité carbone en 2022 ?
- Le type de projet de compensation carbone : séquestration carbone ou réduction d’émissions, les deux sont-ils adaptés pour clamer la neutralité carbone ?
- Qui devrait pouvoir réclamer ou percevoir un crédit carbone ? Revient-il au pays hôte du projet, à l’entreprise qui l’achète ? Cette question fait débat : si les deux en bénéficient, cela pourrait mener à un double comptage (et donc un décalage avec les efforts réels vers la neutralité carbone) ; si seul le pays hôte en bénéficie, cela pourrait entrainer une perte d’intérêt pour l’entreprise et un faible développement de ces projets. Vous trouverez ci-dessous un schéma illustrant ce dilemme.
Dans quel scope (scope 1, 2 ou 3) s’applique le crédit carbone ? En effet, différents projets peuvent entrainer une baisse du bilan carbone dans différents scopes, et représenter ainsi un effort plus ou moins important vers la neutralité carbone.
À quelle échelle peut-on clamer la neutralité carbone ? En France, l’ADEME a statué sur cette question, affirmant que la neutralité n’avait de sens qu’à l’échelle planétaire au mieux, ou à l’échelle d’un Etat au pire. En complément, le référentiel Net Zéro Initiative (NZI) vient proposer un cadre de neutralité carbone et de compensation carbone.
Une entreprise ne peut donc pas se limiter à des projets de compensation carbone afin de tendre vers une neutralité carbone. Elle doit en priorité réaliser son bilan carbone, afin de prendre conscience de son empreinte carbone, et mettre en place un plan d’action pour réduire ses émissions directes et indirectes.
V) Les leviers d’action des États
Comme expliqué plus haut, l’Union Européenne a déjà inscrit ces objectifs dans les textes de loi européens, ancrant ainsi la neutralité climatique dans la législation de l’UE. Chaque pays membre doit de son côté adopter des mesures et des lois adaptées.
Suite à l’Accord de Paris, l’Assemblée Nationale a adopté en 2019 la loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte et le Code de l’Environnement, et a introduit le principe d’une Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). La France s’engage ainsi à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et définit deux objectifs principaux :
1. Viser la neutralité carbone collective d’ici 2050 ;
2. Réduire l’empreinte carbone de notre consommation.
La stratégie SNBC doit aujourd’hui être prise en compte dans l’ensemble des politiques publiques. Un rapport datant de février 2020 détaille les objectifs concrets de cette stratégie :
- Maîtriser la demande en énergie ;
- Promouvoir les technologies bas carbone;
- Renforcer l’économie circulaire ;
- Soutenir massivement les énergies renouvelables ;
- Décarboner et diversifier le mix énergétique de production ;
- Améliorer l’efficacité énergétique et accélérer le rythme de rénovation ;
- Mettre fin à la vente de véhicules légers thermiques en 2040 ;
- Développer l’agro-écologie et l’agriculture de précision (l’agriculture étant une des sources principales de l’émission de gaz à effet de serre en France)
La neutralité carbone n’est pas un concept flou sorti tout droit d’une note technique, mais bien une réalité vers laquelle nous devons tendre collectivement afin de limiter le réchauffement climatique. Il existe de nombreux leviers pour atteindre la neutralité carbone. Entreprises, États et citoyens ont chacun leur rôle à jouer.
VI) Réduire en priorité ses propres émissions
Il existe donc deux leviers pour atteindre la neutralité carbone : réduire les émissions de gaz à effet de serre, et séquestrer le carbone dans des puits biologiques ou technologiques. Cependant, comme le rappelle l’ADEME dans son avis sur la neutralité carbone (publié en Mars 2021) “l’ambition de neutralité est grande, notre rythme d’émissions d’origine humaine élevé et les capacités techniques et économiques de séquestration limitées. C’est donc la réduction des émissions de GES qui doit être privilégiée et être mise en œuvre en priorité et au plus vite, impliquant une modification profonde de nos sociétés.”
En tant qu’entreprise, vous pouvez agir dès aujourd’hui en réalisant un bilan carbone , qui vous permettra de mettre en place un plan d’action et une stratégie de réduction de vos émissions. OMNEGY vous propose une gamme complète de solutions pour responsabiliser vos consommations d’énergie et réduire l’empreinte environnementale de votre entreprise. N’hésitez pas à contacter nos experts énergie, qui pourront vous aider à réduire votre empreinte carbone dès aujourd’hui.